La société cubaine
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Visiter un pays n’est pas seulement parcourir des sites enchanteurs ou entrer dans les églises et les musées, c’est aussi s’intéresser à sa population. C’est ce que j’ai cherché à faire avec ces photographies des cubains et c’est pourquoi j’ai voulu créer sur cet album une page sur la société cubaine. Loin de moi l’idée de faire une étude savante sur cette société ; je ne suis ni anthropologue ni sociologue. Je voudrais seulement montrer quelques visages intéressants et souligner des habitudes et mode de vie qui sont propres à ces gens qui vivent sous les tropiques sous un régime où liberté et confort ne répondent pas à nos canons occidentaux.
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De retour en France j’échangeais avec un collègue mes impressions sur Cuba. Il me dit être déçu de ne pas avoir vu de traces de civilisations précolombiennes comme au Mexique ou au Pérou. Ou elles ont été détruites par les espagnols, ou elles n’ont jamais existé. Mais qui sait si un jour quelque archéologue passionné ne découvrira pas un Chichén Itzá ou un Machu Picchu enfoui aux alentours de Guardalavaca ? Pourtant des indiens ont vécu sur cette terre avant Christophe Colomb. Ils eurent « des mots » avec les conquistadores et, même si aujourd’hui les autorités chargées du tourisme reconstituent des villages avec des personnages en cire tel qu’on peut les voir sur cette photo, il est bien difficile d’imaginer dans le cubain du 21 ème siècle un descendant de l’indien précolombien. Malgré cette présence timide, leur sang coule dans les veines des cubains. Comme partout ailleurs il est une composante de leur personnalité et de leurs caractères. Nini nous raconta qu’à cette époque les parents fixaient sur le front de leurs enfants une plaque de bois, charmante coutume destinée à leur aplatir la tête comme faisaient les chinois avec des bandelettes pour empêcher la croissance des pieds. Rien n’arrête la recherche de beauté et ce que nous prenons pour de la cruauté n’était alors qu’une pratique normale dont la souffrance physique s’oubliait face au résultat obtenu. Certaines femmes qui aujourd’hui jeûnent pour rester minces ou s’expose aux UV pour avoir une peau couleur bronze ne font rien de plus civilisé.
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Le front de l’indien Hatuey n’est pas précisément plat. Par quel hasard ses parents lui auraient épargné le supplice ? Sans cela, ou peut être à cause de cela, il devint un magnifique guerrier à l’air farouche et aux épaules puissantes. Malgré sa force et sa détermination il n’a pu, hélas, résister à l’envahisseur.
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Le voyageur guidé sur ces sites sent confusément qu’on voudrait extirper de la nuit des temps l’histoire de Cuba. Il y voit d’abord des mises en scène artificielles dans lesquelles sont montrées des tribus aux mœurs trop tranquilles depuis que, pour faire face à la terrible récession des années 90, Fidel Castro a ouvert son pays au tourisme et mis tout en œuvre pour le rendre attractif, y compris l’invention d’une civilisation. Mais ce doute s’atténue lors de la visite de la nécropole de Chorro de Malta à côté de Guardalavaca. Malgré son air macabre nous l’avons visitée en prenant du temps. De toute évidence ces squelettes surpris, si j’ose dire, dans les poses de la vie, démontrent l’existence d’un peuple indien : les Taïnos. De là à dire qu’ils sont les ancêtres de cet homme à cheval et qu’il s’assimile à eux tant par son type que dans ses habitudes, il y a un large fossé que je ne peux franchir. Les ossements ne sont pas assez bavards pour cela. S’ils parlaient plus ils nous révèleraient peut être une civilisation ingénieuse et bâtisseuse comme l’était celle des aztèques et des incas. Mais ces derniers ne vivaient pas sur une île… Voilà pour les origines lointaines. Plus récemment l’esclavage a rassemblé sur l’île beaucoup de noirs. Ils ont fait le cubain d’aujourd’hui que l’on appelle encore affro-cubain. Quelques bouilles photographiées au hasard de notre voyage en donnent une idée. Malgré une certaine réticence à braquer mon objectif sur les visages, j’ai usé d’une recommandation qui nous a été donnée lors de la réunion de préparation : les cubains aiment à être photographiés. Ils acceptent volontiers cette intrusion dans leur intimité.
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Ne sont-ils pas mignons ? C’est curieux comme on s’attendrit beaucoup plus sur les enfants rencontrés au hasard des voyages à l’étranger que sur ceux que l’on côtoie dans son propre pays. Je l’ai déjà écrit quelque part : le touriste ne voit le monde qu’en beauté. Il occulte le disgracieux, il idéalise. Sur cette photo prise à Camaguey, j’ai rassemblé mes petits amis cubains. Il y a José et Miguel qui tournent la tête. C’est parce qu’ils sont sages et ne se laissent pas distraire par le spectacle de la rue. Entre les deux, Jorge a repéré au loin quelque chose qui l’intrigue. Plus à droite, Ricardo semble méditer une farce. Inès tente de résister aux garçons, tandis que Javier a reçu pour mission de compter ses camarades.
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Inès, la chica, est rentrée chez ses parents. Un peu intimidée par le passage des touristes français, son regard et sa frimousse promettent aux garçons les pires tourments de cœur avec parmi eux ceux qui voulaient la bousculer tout à l’heure.
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Les écoliers portent l’uniforme. Rouge pour le primaire, beige pour le secondaire. Il est reconnu à Cuba, pour l’enseignement et pour la médecine, des compétences et un savoir-faire inégalé dans toute l’Amérique du sud et centrale. Le port de cet uniforme assez seyant, outre qu’il embellit les enfants qui le portent, interpelle sur la qualité de la discipline en usage dans les écoles.
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Ce n’est pas en France qu’on laisserait les touristes photographier les enfants en classe. Heureusement qu’il y a à Cuba encore peu de touristes. Bientôt il faudra fermer portes et fenêtres pour ne pas laisser les curieux remettre en cause la qualité de l’enseignement. |
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La réputation de l’école fut encore ternie par Nini qui nous révéla un cruel manque d’enseignants. Ce sont les plus grands qui assurent l’instruction des petits et il n’est pas rare de voir dans les classes opérer des instituteurs de 14 ans. Le système a ses limites. Est-ce précisément ce que fait cette jeune fille avec ses 3 marmots ? Pas tout à fait évident !
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Pause scolaire devant l’un des plus beaux endroits de la Havane : le Castillo de los Tres Santos Reyes de Morro. Ces écoliers si bien instruits doivent connaître son histoire.
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Grâce à ses relations Nini nous a permis de pénétrer quelques intérieurs.
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Là, c’est une maison très simple au jardin exubérant mais pas cultivé ni aménagé. Elle est située en bord de route, isolée ce qui ne donne pas un effet de surpopulation et d’entassement comme les logements des villes ou en périphérie. La conception est rudimentaire. Une pièce principale sert de séjour, salle à manger, cuisine. Les chambres minuscules sont sur le côté. Le toit est en tôle. Quelle chaleur il doit faire là dessous en été ! Nous y fûmes bien accueillis avec les produits de la maison. J’étais un peu gêné de l’envahissement de 20 personnes dans l’intimité de cette famille.
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Puis nous fûmes invités dans une seconde maison habitée par une vieille dame. Bien que sachant le passage des touristes chez elle, intéressé, j’étais étonné de son accueil chaleureux. Elle nous laissa visiter toutes les pièces comme si nous étions des amis. Sur sa table de salle à manger étaient étalées des cartes postales venues des quatre coins du monde. D’autres touristes passés avant nous les avaient écrites. A sa collection s’ajouta une vue de Bordeaux qu’Aline lui posta à notre retour. Lors de notre passage à Camaguey j’avais eu la confirmation que les cubains aimaient plaisanter. Ils aiment aussi recevoir : cela me fut démontré dans leur propre maison.
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Est-ce la
cuisinière, cette « usine à gaz » posée dans un coin de la pièce ? Aucun
raccordement à un quelconque réseau ; la bonbonne en dessous doit contenir
le gaz qui sert à alimenter les deux brûleurs. Nous ne l’avons pas vue
fonctionner et ce fut tant mieux car bon nombre d’entre nous, manifestement
inquiets que le manque de moyens à Cuba placent au
second plan les questions de sécurité,
auraient craint que cette machine infernale n’explose.
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Les deux habitations où nous sommes entrés étaient fort simples et pauvrement équipées, certes, mais elles étaient propres et entretenues. Nous n’avons vu celles prises ici de loin. Je doute qu’elle fussent aussi présentables que les précédentes. Nous avons vu aussi ce que je n’ai pas osé photographier, des banlieues construites avec de grands immeubles aux fenêtres absentes, aux balcons misérables, aux façades désolées, sordides lieux de vie de populations en surnombre, là où s’imaginent les pires comportements humains. |
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Quelques cubains au travail. De l'abattoir à l’étal il y a le transport. Vélo ou charrette les moyens sont ceux d’une autre époque, du moins quand il sont jugés à l’aune de nos équipements occidentaux. Comme pour la sécurité tout à l’heure l’hygiène doit bien s’en accommoder.
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Celui là vit du tourisme en proposant à la vente quelques maigres coquillages. En vit-il vraiment ? J’en doute. Il doit bien avoir quelque autre occupation ou exercer quelque trafic. En tout cas si cela lui suffit, je l’envie. L’environnement de son commerce n’est pas désagréable. S’il lui faut trafiquer, je me trouve mieux chez Thales.
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Cet autre doit se fatiguer un peu plus mais il a des conditions meilleures que les cuisiniers de notre cantine. Reste à comparer les ressources...
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Encore un métier lié au tourisme : conducteur de Bixi Taxi. Décidément je reste chez Thales !
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D’autres métiers : Vendeuse de légumes. Elle propose sa
propre production sur le marché de Camaguey. Peut-elle nourrir sa famille en
ne faisant que cela ?
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Les pharmacies sont très pauvrement achalandées. Le revenu qu’en tire cette pharmacienne est en proportion. Pourtant, à en croire la réputation des compétences médicales de Cuba, cette dame possède un niveau d’études et des diplômes à la hauteur de nos universités.
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Voyons ici se reposant, Carlos, l’un de nos deux chauffeurs, en compagnie d’un collègue. Ils méritent cette pose car leur travail est assez souvent compliqué avec des responsabilités. Jamais nous n’eûmes à leur reprocher le moindre contre-temps. Les routes de Cuba, les autoroutes aussi, sont souvent encombrées et pleines de surprises. Dans les villes la circulation des cars de tourisme est délicate et sur les sites le stationnement parfois difficile. Le pays n’est pas vraiment équipé pour accueillir le tourisme de masse. En plus sa police ne fait pas de cadeau. David, notre autre chauffeur, s’est fait arrêter une fois pour un soi disant excès de vitesse alors qu’il faut être fou pour tenter d’aller vite sur les routes de l’île. Ni Carlos, plutôt spécialiste des manœuvres en ville, ni David pour les longs trajets ne nous ont fait l’effet d’être des fadas. Seulement les motards veillent et apprécient à l’œil la vitesse des automobilistes. Point de radar à Cuba. L’arrêt dura longtemps en palabres. David discuta, expliqua, justifia, s’énerva un peu pour finir par convaincre. Nous pûmes repartir sans qu’il soit davantage inquiété. Après nous sentions quand même qu’il avait levé le pied. Sacré David ! Avec cet épisode nous avions compris que le pays avait un code de la route. Il a aussi des pratiques que nous connaissons en France mais que nous n’utilisons quasiment pas. ( du moins pas encore ! ). Par exemple le covoiturage. Depuis la crise des années 90 rendant le carburant inabordable, chacun dû s’organiser pour ses déplacements. On créa une typologie des véhicules selon leur utilisation et leur propriétaire. Un code couleur des plaques minéralogiques fut inventé. Jaune pour les professions libérales, bleu pour les voitures d’état et la suite de l’arc en ciel pour d’autres catégories. A côté, ce qui existe pour visualiser la valeur des résistances est une plaisanterie. Nini nous le détailla. Nous l’oubliâmes. Les plaques bleues ont une mission particulière : elles doivent s’arrêter pour prendre des passagers qui leur font signe en ville et sur le bord des routes. L’usage vaut aussi sur les autoroutes. Les « covoiturés » se rassemblent à l’ombre sous les piles des ponts et attendent qu’une place se libère. Il nous a semblé que certains attendaient comme ça des heures entières et que cela suffisait à occuper leur journée. Pour éviter les bousculades, car quand même on ne peut pas faire qu’attendre, le gouvernement a créé un nouveau métier. Des fonctionnaires habillés en jaune sont chargés d’arrêter les plaques bleues et de gérer les embarquements. Nini nous présenta les Amarillos. Ils exercent une profession qui demande d’être attentif et psychologue. Pas question de laisser se déclencher une bagarre, pas question de léser qui que ce soit. Plaques bleues, fonctionnaires jaunes, foule bigarrée mettent beaucoup de couleur sur les routes de l’île en harmonie avec la nature si profuse.
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En observant ceux qui passent leur temps à attendre et ceux qui travaillent en équipe là où une seule personne aurait suffit pour l’ouvrage, l’étranger qui parcoure Cuba doit se dire : « Quel peuple de paresseux ! » C’est tentant en effet de penser cela, mais quel autre choix a le cubain moyen ? On l’empêche d’entreprendre, on lui sert des clopinettes comme salaire, pourquoi se démènerait-il ? Et quelle tentation pour lui d’accepter le partage du travail ! Car, pour se faire une idée plus précise, il faudrait suivre une équipe et noter à qui va successivement la pelle, la truelle, le marteau. L’instantané d’une scène au hasard des rues ne donne qu’une vision rétrécie. Par contre Michel « apprécia » le professionnalisme des fonctionnaires à l’hôtel Piaza où ces derniers lui cherchèrent quelques noises pour un dîner de groupe consommé mais non réglé. La section voyage accusée de grivèlerie, voilà qui n’est pas souvent arrivé ! A cause de la perte d’une journée ce dîner prévu dans un restaurant de la ville dû être pris à l’hôtel sans que la réception en fût avertie. L’heure des comptes arrivant fort tard, le seul responsable encore en service était Michel notre correspondant. Il eut beau palabrer toute la soirée, argumenter pour différer le règlement, l’équipe de la réception menaçait d’appeler la police si bien que, craignant de finir ses vacances dans les geôles de Castro, Michel se résolu à avancer la somme de sa poche. A cause du ton qui était monté, il eut bien du mal à obtenir les justificatifs pour se faire rembourser. Tel fut le premier contact de Michel avec les fonctionnaires cubains. Après cela il n’eut pas le même regard que les autres sur leur comportement au travail.
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L’image de Cuba se confond facilement avec celle des voitures américaines sur le déclin mais bichonnées. Bien qu’il s’en défende, aidé en cela par les dures conditions de l’embargo, l’habitant de l’île garde un certain attachement à la civilisation américaine. A travers ces voitures antiques, le Coca Cola que l’on retrouve dans un célèbre cocktail appelé Cuba libre, mélange de Coca, de rhum, d’une paille courte et de quantité de glaçons, à travers les relations clandestines avec les exilés aux Etats Unis partis avant la révolution et approvisionnant en biens d’utilisation courante, vêtements principalement, leurs parents restés au pays, s’établit un contact avec la société de consommation. Qui a observé cela ne peut s’empêcher de penser que cette population n’est pas vraiment heureuse; elle vit misérablement et sait qu’existe ailleurs confort et luxe. Aline a lu ces regrets dans certains regards croisés parmi les ouvriers travaillant à la fabrique de cigares que nous visitâmes à la Havane.
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La haine des cubains pour les yankees se retrouve également dans la propagande. Il n’y a pas que le Che qui paraît sur les affiches, il y a aussi G. Bush et ce n’est pas à son avantage.
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Pourtant le monde entier sait que les cubains sont d’exceptionnels musiciens et que le moindre lieu public accueille volontiers un petit orchestre qui vous sert une musique joyeuse et entraînante. Je n’ai pas assez d’oreille pour juger de la qualité de cette musique. Faisons confiance aux amateurs; de base ils ont raison. Mais, j’ai un peu souffert de ces ambiances bruyantes en maints endroits où le silence eût mieux convenu à mon plaisir de touriste. Qu’importe ! C’est moi qui suis en faute de ne pas accepter le pays tel qu’il est avec ses rites, ses habitudes et son folklore. Ô musiciens de Cuba, vous qui me maudissez de nommer bruit votre généreuse musique, sachez que j’ai une grande admiration pour Carlos Puebla qui écrivit la chanson du Che. J’ai même personnellement demandé qu’on la joue dans un restaurant. Bravo l’artiste ! |
Cet étonnant véhicule n’est pas issu d’une cervelle américaine. Il est cubain et a la drôlerie des cubains. C’est aussi vrai pour les bus chameaux qui circulent à la Havane. Hélas, il n’y en a plus beaucoup et je n’ai pas réussi à en photographier.
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A Cuba on pratique deux sports nationaux : le base-ball et le rocking-chair. Et c’est encore une fois l’Amérique qui transpire au-delà de ses frontières ! Sur ces photos se reconnaissent les champions. Ils suivent manifestement un entraînement intensif et journalier. Jean-Claude, lui, aurait besoin d’un peu plus de formation qu’il demandera à l’occasion de son prochain EDP. Sa hiérarchie jugera. Impossible d’éviter le rocking-chair. Il est partout, sur le devant de toute maison, même les plus pauvres, ainsi que dans les endroits luxueux ( Il y en a à Cuba ! ). Et il me vient une envie folle d’en installer un ou deux sur la terrasse que j’envisage de construire au bout de ma maison.
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Comme sport national j’aurais pu ajouter la réparation. L’homme cubain est passé maître dans l’art de faire durer les objets, des plus simples, comme cette chaise, aux plus compliqués comme les belles américaines. |
Partant, il n’y a pas meilleur que lui sur la planète entière dans le commerce de la pièce détachée.
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Bien qu’elle nous ait dits que la religion n’était pas très suivie, Nini suscita quelques occasions de nous la faire approcher. Nous avons visité des églises décorées, comme ici à Notre Dame d’el Cobre, avec les objets et symboles du culte auxquels notre civilisation est habituée.
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Ils côtoient d’autres symboles qui sont plutôt politiques. A ceux là nous sommes moins habitués.
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A Trinidad nous avons croisé un mariage. La mariée n’était pas très souriante et apparemment contrariée d’être à ce point l’attention du public. Ou peut être y avait-il une autre raison moins avouable et qui déjà augurait mal de l’avenir de ce nouveau couple ?
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Dans une pharmacie à La Havane la présence d’une femme habillée tout de blanc nous intrigua. Tout d’abord nous pensâmes à une coquetterie. Avec moins de ressources mais grâce aux parents éloignés dans les pays riches les cubaines, sur ce plan, ne sont pas en reste. Nini nous apprit que cette façon de s’habiller était le signe d’appartenance à une religion locale nommée la Santéria. Le blanc allant jusque dans l’accessoire, l’enfant ayant lui aussi une tenue immaculée laissent penser que la Santéria n’est pas quelque chose de futile.
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J’ai dit qu’à Trinidad nous avions assisté à une procession. Quelle chance d’avoir été dans cette ville le soir du vendredi saint ! Encore une fois Nini s’était bien débrouillée car, outre l’intérêt culturel de ce spectacle, il nous permit de mieux approcher les cubains. Aline et Simone entrèrent en conversation avec un couple. Ils échangèrent sur les pratiques religieuses respectives et en habitués des processions nous donnèrent l’occasion, par des manœuvres astucieuses à l’intérieur de la foule, de nous immerger parmi les fidèles. Quel moment fort ! Nous étions comme de vrais cubains partageant une ferveur religieuse retrouvée en ce jour béni.
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La couleur rose qui sied si bien à cette très jeune femme n’est pas signe d’une autre religion. Si des équipes sportives ont des couleurs à défendre, il serait indigne de copier cette pratique pour revendiquer ses croyances. Elle n’est pas non plus entrain de se marier : trop jeune et trop souriante. Non ! Elle a revêtu cet habit somptueux pour fêter ses quinze ans comme le veut la coutume à Cuba. Ainsi parée, elle montre à tous, parents, amis et mêmes aux étrangers le bonheur qu’elle a de franchir ce cap qui la fait passer de l’enfance à l’adolescence. Afin que chacun reste persuadé en l’admirant que cette fête organisée rien que pour elle lui portera chance, toute sa personne rayonne de cet événement qui l’embellit et lui prépare, malgré les difficultés de son pays, un avenir radieux.
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Cette jeune femme penchée à son balcon illustre ce que j’ai déjà écrit sur le bonheur à Cuba. Son regard vaguement accusateur et sa mine désabusée en disent long sur l’étendue de ses espérances. Inutile de l’interroger pour deviner sa tristesse.
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Avec Michel, qui comme moi et comme d’autres aiment à regarder les jolies femmes, nous nous sommes amusés à capter de beaux visages. Voici ma galerie, je la lui dédie.
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Quelques attitudes et quelques expressions de visages prises au hasard des rues. Malgré tout ce que j’ai décrit des dures conditions de vie, elles terminent ce chapitre sur les cubains en montrant que tous ne sont pas tristes ni désespérés, loin s’en faut. Le bienheureux climat des tropiques et sa douce chaleur aident beaucoup. Comme nous l’allons voir dans ce qui suit il adoucit les paysages; il a le même effet sur la société.
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