Les villes de Cuba
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Trinidad
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Avant d’atteindre la Plaza Mayor arrêtons-nous un instant devant cette petite église blanche. Je l’ai trouvée touchante dans sa blancheur et sa simplicité, comme une mariée à la campagne. Pour une fois la marque coloniale n’était pas que teintes ocres et bleues. Grâce à sa petite taille, qui avait permis sans doute qu’on l’entretînt, le temps avait préservé sa couleur et la pureté de ses lignes.
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La Plaza Mayor. Rien que pour elle Trinidad méritait son classement au patrimoine mondial. Tout dans sa géométrie, dans ses couleurs, dans ses proportions, dans ses espaces joliment aménagés incite à s’alanguir dans la torpeur de l’après-midi. Des lieux sont tumultueux ; d’autres sont majestueux. Les uns nous poussent à bouger avec les foules, les autres à l’admiration, le souffle coupé. La Plaza Mayor à Trinidad n’est rien de cela. Elle est tranquillité. Elle est humilité. On se sent prêt à y passer de longues heures de rêverie comme dans la maison d’une amie que semble être pour chaque voyageur, cette ville de charme. |
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Ce qui se voit peu sur les places du monde sont des grilles en fer forgées comme sur la Plaza Mayor à Trinidad. Qu’elles soient ainsi disposées comme les balustrades d’un balcon en surplomb de la rue pour s’y accouder et regarder passer le monde, qu’elles soient blanches de surcroît ajoute de l’élégance à ce bel ensemble. Elles m’ont donné l’impression d’un parc privé offert au public. Toute la délicatesse de ce que l’on construit et entretient pour soi mis à la disposition de tous comme une invitation au repos partagé. |
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Etrangement la place n’a pas de jardin fleuri. C’est inhabituel. Seuls les grands palmiers rappellent qu’une ville agréable est une ville avec de la verdure. Est-ce voulu qu’il n’y ait pas de fleurs ? Je ne sais pas mais des parterres multicolores eussent, à mon avis, modifié la personnalité de la Plaza Mayor en la rendant quelconque. |
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Il
manque la foule. Ce n’est pas pour me déplaire.
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Il y a une science de l’urbanisme dans la disposition des bâtiments tout autour de la place. Ils s’articulent les uns dans les autres avec astuce et ménagent des espaces de dégagement multipliant les possibilités de rencontres. Et la cathédrale qui les domine tous ferme et aère l’ensemble avec beaucoup d’intelligence. Ce n’est pas toujours simple d’intégrer les grands édifices dans les petites unités urbaines, ni simple de leur conserver leur intimité sans les alourdir, de leur imposer le monument sans les écraser. Ceux qui ont fait la Plaza Mayor l’ont réussi divinement. |
Des ruelles s’échappent secrètement. Comme celle qui conduit au couvent de San Francisco ou cette autre qui offre ses pavés au marché artisanal, elles recréent à l’envi l’ambiance de la place. |
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L’éclairage de l’après-midi ne m’avait pas permis de capter la douce lumière
du soir sur la façade bleutée de cette maison. Par chance nous étions
vendredi saint et Nini avait réussi à nous faire assister à la procession.
L’attente fut longue mais bien mise à profit pour admirer encore la Plaza
Mayor revêtue de l'or du couchant.
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La situation de cette maison à l’angle du large escalier qui longe la cathédrale et d’une rue est intéressante pour la vision qu’elle offre sur la Plaza Mayor. Du balcon les habitants se retrouvent au cœur de l’animation sans en subir la bousculade. J’aimerais avoir un exemplaire de la photo que vient de prendre cette jeune femme. Si un jour elle la livre au public, elle fera le tour du monde dans les catalogues, les guides et revues luxueuses sur les voyages et les beaux livres sur Cuba comme celle du Che prise par Korda.
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Avec la petite église blanche et la Plaza Mayor, tout est dit sur Trinidad. Un édifice discret que personne ne remarque et une place célèbrissime tels sont les deux souvenirs que je vais garder de Trinidad. Ils sont si évocateurs qu’à aucun moment je ne les confondrais avec d’autres ni les situerais dans une autre ville de Cuba, ni, pire que tout, dans un autre pays.
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