Saint Gilles - Saint Paul |
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Nous avons passé notre dernière soirée sur le port de St Gilles, dîné fort agréablement au St Gilles tenu par des médocains et flâné le long des quais dans la chaude lumière du soir.
Chargés de mille occupations, nous n’avions pas vraiment pris le temps de préparer l’ensemble de notre voyage. Une après-midi seulement fut consacrée à dessiner sur la carte un itinéraire circulaire. Précis au début, le tour était devenu plus vague à la fin. A vrai dire, il nous manquait des notions de distance. Cette inconséquence provoqua la déprime d’Aline le soir de notre avant dernier jour. L’hôtel qu’elle avait réservé n’était pas très beau ni ses abords très attractifs. Après le Boucan Canot il était même affreux ce qui ne manqua pas de susciter des regrets ne n’y être pas restés dès lors que nous pouvions rayonner à partir du même endroit sans parcourir de grandes distances. Et, si le Boucan Canot eût paru trop luxueux pour un séjour prolongé, l’hôtel Iloha de St Leu, par exemple, avec son excellent rapport qualité/prix eût parfaitement convenu. D’où les regrets. D’où la déprime.
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Malgré cela, notre dernier jour, un vendredi, fut bien rempli : Une journée entière avant de restituer le véhicule et de nous envoler pour la métropole aux environs de 21 heures. Le dernier jour d’un voyage d’agrément est toujours chargé de sentiments contradictoires. D’un côté on se doit être boulimique pour éviter les regrets, de l’autre on raisonne pour sécuriser l’horaire. Ce mélange donne un résultat étrange, ni franchement triste, ni franchement gai. Il commença par un bain dans l’océan indien sur la plage de St Gilles. Elle est composée de vrai sable à peine moins fin que celui de nos plages atlantiques. L’eau par contre y est nettement plus chaude et plus calme aussi grâce à la barrière de corail. Je me suis régalé de ce bain là. Et dire que dans quelques heures nous serions envolés à des milliers de kilomètres. C’est fou ! Il continua par une flânerie dans la ville de St Gilles très animée. Derniers achats avec notamment pour moi une paire de chaussettes pour retrouver dès Roland Garros mon port de citadin métropolitain et aussi pour ne pas attraper mal dans les courants d’air de l’avion. On sécurise aussi sa petite santé.
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Il se poursuivit sur le
marché de St Paul installé en bord de mer. Tout au long de notre périple
nous n’avions pas rencontré d’endroit vraiment commerçant. Pas même à St
Denis la capitale. J’ai expliqué pourquoi. Aline n’arrivait pas à
quitter le marché de St Paul ; J’acceptais qu’elle voulût se consoler
d’une certaine frustration et en profitais pour tirer ces quelques
clichés dans lesquels je cherchais à enregistrer le plus de couleur et
le plus de lumière.
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Désormais le temps nous était compté. Pas
question de faire étape ni dans la ville du Port, ni à la Possession. Je
ne pense pas avoir à le regretter car, ayant appris que la fameuse route
du littoral était fermée à cause de zéboulis madame, nous devions regagner St Denis par la
route du haut, sinueuse, beaucoup moins directe et en compensation de si
belle réputation. Mais nous étions mal renseignés. Rien n’interdisait de
suivre la côte. J’hésitais et changeais le cap au dernier moment. Un
rond-point bizarrement agencé me proposa une large autoroute côtière,
parfaitement déserte au bout de laquelle j’allais sûrement rencontrer
un panneau interdisant d’aller plus loin. Nous l’attendions à chaque
kilomètre parcouru. Jamais nous ne le vîmes. Dans l’autre sens le trafic
était dense. Sur la voie jouxtant la notre personne non plus. De temps
en temps quelques cabanes de chantier me laissaient penser que nous
étions sur une voie ancillaire où nous n’aurions jamais dû circuler. Là
haut, accrochés à la paroi vertigineuse, des hommes araignée réparaient
les lourds filets d’acier destinés à contenir les zéboulimadame. C’est
donc passablement inquiets que nous finîmes par gagner le Barachois sans
que rien de fâcheux nous fût arrivé qui nous eût rendu encore plus
inquiets sur l’horaire. Mais non. Ce brusque changement d’itinéraire
nous avait mis si en avance que nous envisageâmes un moment de remonter
jusqu’au village de La Montagne. C’était trop juste et le cœur n’était
déjà plus au tourisme. Il était midi et nous consommâmes notre dernier
pic nique sur l’aire de repos des 3 bancs avec la vue très étendue sur
St Denis que nous partageâmes avec un couple d’amoureux. Ils n’eurent
pas même un regard vers notre présence.
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Le reste ne fut qu’attente et lente reprise de contact avec la dure réalité d’un retour en métropole. La journée avait basculé dans le franchement moins gai. J’avais voulu voir La Réunion. Je l’avais vue. J’avais attendu une année pour cela. Comment maintenant dire si la réalité a rallié le rêve ? Au risque de déception j’ose l’exercice. La réputation d’un pays, d’une région, à moins de bâcler son voyage, ce que malgré une certaine hâte nous n’avions pas fait, n’est jamais surfaite. L’île fut à la hauteur de sa réputation. Très attirante elle s‘est révélée à notre soif de lointain. Elle a tenu ses promesses et si je puis enrichir sa promotion déjà bien présente, je dirais qu’il faut y aller ne serait-ce que pour goûter ce dépaysement très particulier qui nous garde en France tout en nous emmenant si loin. Et même le plus casanier d’entre nous ajoutera à cette expérience bien d’autres qu’il n’avouera peut être pas mais qui resterons à jamais gravées dans son cœur et dans son souvenir.
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