Punta Nati

    

Sur la côte ouest, au sud de Ciutadella, Aline avait repéré un chemin blanc menant à la mer. Il n’y avait pas de raison pour que la carte de Pierre et Huguette nous mente et que ne se trouve pas au bout une petite plage avec seulement quelques nécessiteux  débarqués de leurs beaux bateaux blancs. Mais sur le terrain ce fut une autre histoire. Impossible de localiser le départ du chemin. Tout ce qui y ressemblait était une vieille barrière bouclée qui, si on avait réussi à l’ouvrir, ne nous eût point tracé la route vers la plage tant le terrain était « junglu ». Mettre la voiture sur ces pistes qui finissent nulle part eût été  renouveler une tentative qui une fois déjà avait failli se terminer au fossé. Nous étions guéris et tant pis pour la plage rien qu’à nous !

Alors, l’après-midi se poursuivit dans la grande banlieue de Ciutadella au milieu de ce que j’appelle les usines à vacances. Très peu pour nous ces grands hôtels clubs avec tous les plaisirs réunis mais un accès à la mer minuscule. Ni Cap d’Artrutx , ni Cala En Bosc ne nous incitèrent à garer la SEAT.

Cette journée n’allait être que citadine ? Sans baignade ? Allons donc, c’est bien mal nous connaître. Nous ne choisissons pas les vacances dans les îles pour en fuir les rivages ! Allons voir la banlieue nord.

Quel contraste ! Autant le sud est urbanisé, autant le nord est sauvage, sans vie, sans habitation, sans âme qui vive, sans plage, même autour de la Punta Nati qui ressemble assez peu aux autres pointes déjà visitées : Favaritx, Cavalleria et qui elles autorisent l’accès à la mer.

 

       Nous traversâmes à pied ce désert.

               Au bout nous attendait cette côte. L’instant baignade ne se précisait pas vraiment. Quand tout à coup, au fond, une sorte d’embarcadère. Etonnant que des bateaux puissent accoster là dans cette sauvagerie ! Pourtant la mer au pied du quai était étrangement apaisée. Mais comment l’atteindre ? Deux pékins surgis soudainement du ravin nous rendirent espoir. Si eux y été allés, pourquoi pas nous ? Mais, ils avaient l’air si fatigués ! A force de croire en nos chances nous finîmes par trouver une descente en forme d’escalier naturel, périlleux mais praticable. Nous goûtâmes le plus extravagant de nos bains de mer, un bain tel qu’aucun navigateur en bateau blanc n’en prendra jamais. Viva la Punta Nanti !

 

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