ASPRA ET BAGHERIA
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Le surlendemain une décision importante s’imposait : il fallait absolument s’équiper pour la plage. A défaut d’être des touristes accomplis nous ferions au moins de bons consommateurs. C’était peut être ce qu’espéraient les autorités siciliennes, inspirées par la mafia, en tardant à nous restituer nos valises. Nous quittâmes la villa en direction de Palerme. Nous empruntions la SS113 dont j’ai supposé qu’elle était la seule route à faire le tour de l’île en longeant la mer avant la construction de l’autoroute qui finalement ne fait que la doubler. La mer se voyait au détour de chaque virage. Mais de plage point. La côte était construite partout et chaque accès verrouillé par de hauts et solides portails métalliques. Derrière il devait y avoir quelques belles et luxueuses constructions. A imaginer, car ce qui se voyait avait peu d’allure.
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Enfin nous arrivâmes à Aspra pour trouver ce que nous cherchions : une boutique, une plage. Aspra est un mignon village de pêcheur. Il y avait donc une petite plage de cailloux sur une mer assez attirante. Elle côtoyait des barques de pêche peintes de couleur orange et bleue. J’en trouvais l’harmonie chromatique heureuse et bienvenue dans cet endroit accueillant. La plage n’était pas privée. Virginie pu garer le Scenic le long de la rue juste devant la boutique. A l’intérieur nous achetâmes pour 100 euros, 3 maillots de bain et une robe. Je fus assez moqué sur mon choix d’un article en trois couleurs : bleu, blanc et rouge. « Te voilà patriotique mais presque » Qu’importait. J’étais prêt pour de longs bains dans la mer chaude. Le jeune garçon à qui ses parents avait confié l’établissement pouvait être fier : il avait en une seule visite réalisé le chiffre d’affaire de la semaine. Mais étions-nous à ce point naïfs ! N’y avait-il pas de l’autre côté de la rue un parrain local pour récupérer la recette !
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Enfin la baignade ! Comme ce fut délicieux !
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Ils n’étaient pas tous bleus et orange.
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Et celui là avec sa cabine en lego avait une forme et une allure qui plut à Virginie.
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Cet autre me fit penser au petit navire qui n’avait jamais navigué. Ils partirent au large. Jamais on ne les revit.
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Nous sommes revenus à Aspra pour la plage, pour le restaurant bord de mer où nous avons été bien reçus la première fois et arnaqués la deuxième avec des poulpes très chers et peu appétissants et aussi pour le petit marché aux poissons où Aline acheta quelques crevettes. Beaucoup moins chic qu’à Imerese la gelateria d’Aspra nous proposa des glaces savoureuses et un café créma. Préparé dans une machine il était bien meilleur que l’expresso italien recroquevillé au fond de sa tasse. Regardez bien le bidon rouge sur la deuxième photo. C’est là qu’a été jetée la glace inachevée de Julie quand le téléphone de sa mère a sonné pour annoncer la livraison des valises à la villa. « Viens vite Julie, il faut rentrer à la maison pour les valises. - Mais ma glace ! » L’enjeu des bagages était si important ! La mère et la grand-mère firent preuve d’une telle autorité que Julie n’eut pas le temps de songer à nous faire une crise. Elle répara cet oubli un peu plus tard à propos d’un haut de maillot de bain qu’elle n’arrivait pas à enfiler correctement. Des petits riens déclenchent de grandes colères. On le sait mais on ne les voit pas venir. Julie est experte dans cet art. Heureusement qu’elle s’est assagie car une colère par jour nous eût gâché les vacances. Mais quand même, ces maillots siciliens ne sont vraiment pas pratiques !
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Dans nos guides récupérés nous avions vu qu’à Bagheria il y avait de belles demeures à visiter. C’était tout près et accessible depuis Aspra en empruntant une jolie avenue bordée de grands arbres. J’ai beaucoup aimé la ville de Bagheria. Avant de pouvoir entrer dans l’église nous avons dû attendre qu’un mariage se termine. Quoique pas désagréable à regarder ce fut un peu long à cause d’un lâcher de ballons et parce qu’un verre accompagné de pâtisseries était servi sur la place devant la fontaine. Nous n’étions pas assez chics pour nous incruster.
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Nous avons parcouru les rues de la ville et notamment cette large artère piétonnière avec ses boutiques. L’italien en général et le sicilien en particulier vénère sa voiture. Il conduit avant de marcher. C’est pourquoi les rues piétonnes ne sont pas courantes en Sicile. Nous n’en avions pas vu à Cefalu qui pourtant l’eût mérité. Celle de Baghéria était donc la bienvenue. Nous nous attardâmes et comme c’était plaisant, je me suis amusé de ces quelques clichés citadins.
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Voici donc l’une des demeures célèbres de Bagheria : la villa Palagonia. Son nom alambiqué lui ressemble.
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Elle est encore appelée « villa des monstres » en raison des statues de pierre dressées sur le mur d’enceinte comme si la race des nanipabullophiles eût déjà sévi au XVIII ème siècle. Moi je les trouve plutôt gracieux ces monstres !
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